Avant-propos
Portrait de Paul Perdrizet à Bâle, lors d'une conférence sur les fouilles de Delphes en 1908
Paul Perdrizet n'a encore jamais fait l'objet d'une étude biographique qui ne se limite pas au versant universitaire et scientifique de sa personnalité et de son œuvre. L’hommage funèbre prononcé par Charles Picard le 10 juin 1938, en séance de l’Académie des inscriptions et belles lettres, reste l’étude de référence pour son analyse détaillée de la bibliographie du savant nancéien. Mais elle ignore complètement l’autre versant de son activité, celle du gendre d’Émile Gallé, directeur des Établissements Gallé pendant plus de vingt ans et de l’homme d’affaires qu’il devient dans l’entre-deux-guerres, siégeant dans les conseils d’administration de nombreuses sociétés.
Ce silence est dû à la discrétion observée par Paul Perdrizet lui-même : dès les premiers temps de son investissement dans les affaires familiales, au côté de sa belle-mère Henriette Gallé, vers 1910, il prend soin de taire, sinon même de cacher, au monde universitaire cette nouvelle activité. Il n’en est jamais question dans sa correspondance professionnelle et seules quelques allusions y font référence dans certaines lettres à ses plus proches amis.
En 1934, Paul Perdrizet rendit hommage à Charles Friedel, professeur de cristallographie à l'université de Strasbourg et ancien président du conseil d'administration de l'imprimeur Berger-Levrault, en ces termes : « Par dévouement à la famille dans laquelle il était entré, Georges Friedel n'hésita pas à ajouter à ses lourds labeurs de fonctionnaire et de savant, la tâche souvent morose et ingrate de maintenir dans la bonne voie une vieille affaire.» Georges Friedel était en effet le gendre du fondateur Berger-Levrault. La similarité entre leurs situations respectives est donc telle qu’on peut légitimement penser que Paul Perdrizet parlait aussi de lui-même, probablement avec amertume, alors même que les Établissements Gallé étaient mis en faillite.
La biographie succincte illustrée présentée dans les pages qui suivent ne vise pas à se substituer à l'étude publiée en 1938 par Charles Picard, mais à la compléter en soulignant le jeu des circonstances professionnelles et familiales qui ont conduit Paul Perdrizet à opérer des choix et à donner à sa carrière un tour si singulier.
Sauf indication contraire, les photographies qui illustrent le texte proviennent en grande majorité du fonds Perdrizet de l'université de Lorraine et des archives familiales : elles sont reprises ici avec l'autorisation de Mme Jacqueline Amphoux, petite-nièce de Paul Perdrizet. Qu'elle trouve ici l'expression de notre reconnaissance.
Samuel Provost
30 janvier 2015